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L'aquaponie

par Théo 1 Janvier 2013, 22:44 autonomie alimentaire aquaponie

Bonjour

Aujourd'hui nous traitons d'un sujet d'autonomie alimentaire, une combinaison d'élevage de poissons et de culture de légumes , adaptable dans un espace relativement réduit, une solution de reserve de nourriture novatrice et efficace : l'aquaponie.

Comment ça marche ?

L'aquaponie est la culture de végétaux en « symbiose » avec l'élevage de poissons. Ce mode de culture a été utilisé depuis la haute antiquité, notamment en Mésoamérique et est toujours d'actualité dans de nombreuses rizières d'asie du sud est (Vietnam et Laos notamment) . Ce sont les déjections des poissons qui servent d'engrais pour le végétal cultivé.

Le mot aquaponie, traduction de l’anglais aquaponics, est un mot formé par aquaculture (élevage de poissons ou autres organismes aquatiques) et hydroponique (culture des plantes hors sol par de l'eau enrichie en matières minérales).

Principe de fonctionnement de l'aquaponie.

Principe de fonctionnement de l'aquaponie.

Il s’agit en fait d’un écosystème dans lequel interviennent trois types d’organismes vivants dans un cycle écologique (4 organismes vivants si l'on compte les lombrics -voir plus bas-)

  • Les poissons dont les déjections, riches en azote, en phosphore et potassium, sont la source de nutriments pour les plantes (une fois transformés par les bactéries du système).
  • Des bactéries aérobies qui transforment les matières organiques comme l’ammoniaque et l'urée en nitrites puis en nitrates, ces derniers étant assimilables par les plantes.
  • Les plantes cultivées épurent l’eau de l’aquarium par l’assimilation des racines, elles se servent des nutriments sous forme minérale pour croitre. Elles permettent de jouer le rôle de filtre biologique puisque les déjections des poissons sont toxiques (blocage de l'hémoglobine et donc de la respiration) à des concentrations trop élevées.
  • Les lombrics élevés en vermiculture pour nourrir les poissons (carnassiers) -voir plus bas-.

En pratique, l’eau de l’aquarium est pompée (pompage solaire possible pour plus d'autonomie) puis est emmenée dans le système hydroponique, par exemple un bac surélevé avec support de culture (billes d'argile, graviers…) pour ensuite retourner, une fois purifiée par les racines des plantes, vers les poissons par gravité.

La principale difficulté semble être de trouver le juste équilibre entre la population de poissons, la nourriture apportée, la population bactérienne et la végétation cultivée : une carence en azote (jaunissement des feuilles se développant en partant du bas des plantes) sera le signe d’une sous-population de poissons.

À l’inverse des taux de nitrites et de nitrates trop élevés indiquent que le filtre sur plante est inefficace et que le métabolisme de ces dernières est insuffisant pour dépolluer l’eau des déjections. Il semble que des carences apparaissent principalement en fer et oligoéléments, qu'il sera aisé de compenser par des décoctions d'algues (ou d'autres plantes locales à tester).

Une installation aquaponique en étagère.

Une installation aquaponique en étagère.

Quelques liens pour approfondir le sujet :

http://www.aquaponie.fr/

http://www.aquafolie.com/aquariophilie-aquaponie.html pour des explications détaillées.

http://aquaponiedebalcon.fr/ : une expérience d'aquaponie (en cours d’expérimentation) sur un balcon citadin.

http://macadam-gardens.fr/blog/rencontre-avec-flemming-pionnier-de-la-culture-aquaponique/ Le site d'un pionnier de cette méthode.

Un aquarium aquaponique.

Un aquarium aquaponique.

L’aquaponie est un système presque parfait.

Presque ! Car le cycle n’est pas complet, en effet il faut introduire de la nourriture pour les poissons.

La première solution est d’utiliser des poissons exclusivement herbivores, comme les tilapias qui ont ce régime alimentaire. Problème, ils ne vivent pas sous nos latitudes et ne supportent pas notre hiver en France (possibilité de pratiquer l'aquaponie dans une serre -voir plus bas-).

La deuxième solution, est d’utiliser des poissons de chez nous, comme des perches ou des truites... mais ce sont des poissons carnivores.
Il faut donc trouver une solution pour produire de la nourriture pour carnassiers... et là tous les pêcheurs vous le diront, les truites et les perches raffolent de vers de terre : La solution réside donc dans la vermiculture (l'élevage de vers de terre).

Nous commençons à toucher du doigt un système réellement autonome qui produit des légumes et des protéines animales.

L'aquaponie

Technique simple (ultra simple) pour un élevage de vers de terre :

Élever des vers de terre ne coute rien, ne demande pratiquement pas de temps ni d’entretien.

De quoi aurez-vous besoin?

- 2 grands récipients qui peuvent s’emboiter l’un dans l’autre. Çà peut-être des seaux que vous récupérez (peintre, restaurant, grande surface,…), des bacs en plastique que l’on trouve dans n’importe quelle grande surface, magasin de bricolage…
- du terreau
- quelques vers de terre
- quelques déchets organiques (les restes de légumes de la cuisine)

Mise en place de l'élevage :

On commence par prendre un des deux récipients dans lequel on va percer une multitude de trous dans le fond. Une perceuse et un petit foret (1mm) est suffisant. On glisse ce récipient dans le second. Mettre de la terre (environ la moitié de la hauteur) que vous aurez tamisé pour la rendre fine et aérée.

Il ne reste plus que les vers à mettre. Si vous disposez d’un jardin, remuez un peu la terre et ramassez tout ce qui se présente. Si vous ne disposez pas de jardin, il vous suffit d’aller chercher quelques boites chez votre marchand habituel.

Comme il s’agit en fait d’un mini-compost que vous venez de faire, il faut l’alimenter avec des feuilles de salade, des épluchures de pomme de terre, des fruits qui sont trop mures, pourquoi pas du marc de café. Par contre, évitez absolument les agrumes. En effet, ils sont relativement acides et ralentira fortement la reproduction des vers.

Le meilleur endroit pour le placer votre élevage est un endroit sombre et pas trop chaud. Une cave ou un garage par exemple.

L'entretien de votre élevage :

Il n’y a presque rien à faire. Il faut arroser une fois de temps en temps votre terre, afin qu’elle ne se dessèche pas. Un peu d’eau, si possible avec un effet de pluie.

Pour prélever vos vers, utilisez un tamis. Mettez un peu de terre dans le tamis, secouez et vos vers seront tous dans le tamis. Cette façon de faire permettra en plus de toujours avoir une terre bien aérée, ce qui contribue à entretenir votre bac.

Si vous faites tout ça correctement, vos vers vont se plaire, vont se reproduire et vous ne devriez jamais tomber à cours de lombrics pour votre système aquaponique (ou pour la pêche).

Autre point positif, vous pourrez nourrir les vers de terre avec les végétaux abimés de votre système aquaponique. La boucle est bouclée !

En résumé :

Avantages
  • Permet de produire de bonnes sources de nourriture sur très peu de surface, en ville ou en terre peu adaptée à la culture (polluée notamment).
  • Très productif (certains témoignages parlent de ciboulettes de plus d'un mètre de haut ou de plusieurs kilogrammes de tomates par pied)... ça c'est à vérifier par l’expérience !
  • Économise beaucoup d’eau (selon les sources, 80% à 99% d’eau en moins par rapport a l’aquaculture). Il n’y a pas de gâchis d’eau et son évaporation/écoulement reste très limité.
  • Fonctionne en circuit fermé/ pas d’apport d’engrais.
  • De nombreux système différents sont possibles et s’adapter à l’espace nécessaire/moyens disponibles.
  • Nourriture locale ! L’aquaponie évite aussi les problèmes liés à la surpêche et à l’aquaculture « traditionnelle » (surtout la pollution en découlant).
  • Très peu d’entretien et de désherbage en comparaison avec une culture classique en pleine terre. La culture en bac surélevés peut se révéler intéressante pour les personnes en situation de handicap physique ou âgées.
  • Production de protéines de bonne qualité.
Inconvénients
  • On est dépendant d’une source d’électricité, et mieux vaut prévoir un système de back-up en cas de panne: les poissons peuvent mourir très rapidement si la pompe défaille. Un système solaire est néanmoins envisageable.
  • Apparemment le gout de certains légumes peut être plus fade qu’en pleine terre.
  • Demande une présence régulière.
  • Demande un temps d’adaptation et de trouver le bon équilibre cultures/masse de poissons.
Aquaponie en serre.

Aquaponie en serre.

L'aquaponie en serre :

Adaptable dans les régions froides, l'aquaponie en serre ne nécessite aucun arrosage, aucun engrais ni désherbage car l'eau est recyclée, les poissons fournissent l'engrais par leurs rejets et l'absence de terre et un milieu fermé (serre) élimine le risque de végétations indésirables.

L'entretien des plantes est réduit au minimum. La croissance des fruits et légumes est plus rapide que celle en terre.

Grande serre de culture aquaponique.

Grande serre de culture aquaponique.

Le projet aquaponique ART Survie ressemblera à cette installation..à suivre.
Le projet aquaponique ART Survie ressemblera à cette installation..à suivre.

Le projet aquaponique ART Survie ressemblera à cette installation..à suivre.

Liste de plantes (non exhaustive) s'adaptant bien au système aquaponique :

Laitue
Pois
Épinards
Oignons
Concombre
Blette
Basilic
Persil
De nombreuses variétés de tomates
Cresson
Ciboulette
Piments
Cèleri
Chou Rave
Pois mange-tout
Aubergine
Poivron
Chou Chinois
Brocoli
Chou
Roquette
Coriandre
Ail
Haricots nains
Sauge

Vidéo tutoriel (en anglais) pour construire facilement un système aquaponique.

Enfin un article remarquable et très complet sur le démarrage de votre installation aquaponique sur "netwok survivaliste francophone" : ici

Et voici un autre lien pour une explication simple et illustrée sur le fonctionnement de l'aquaponie chez NO PANIC :

La version "grand froid" d'une serre aquaponique au Canada (source : le journal de Montréal).

L'aquaponie
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commentaires
C
Very nice)
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R
nice farm for country :)
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D
Est-ce que cette serre existe vraiment? Car si oui je voudrais visiter afin de me familiariser avec le concept et de construire une telle installation.
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A
Très bel article, mais attention que pour les vers, ce ne sont que les vers épigés (le lombric (ver de terre classique ) ne peut survivre dans un lombricomposteur. Les deux espèces de vers utilisés pour le lombricompostage sont :<br /> Eisenia foetida et Eisenia andreï <br /> <br /> Ils ont la réputation d'être d'excellents digesteurs de matière organique. Ces animaux vivent en milieu aéré.<br /> <br /> On reconnait :<br /> <br /> L'Eisenia foetida à sa couleur rouge violacée et à des anneaux clairs, presque jaunes. Sa longueur est de 60 à 90 mm (poids moyen 300 mg).<br /> <br /> L'Eisenia andreï est caractérisé par sa coloration rouge vineux uniforme et par une longueur généralement plus petite, 50 à 80 mm (poids moyen 250 mg).
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P
Yep c'est exactement ça :-)
A
Bravo pour ton article complet. L'aquaponie nous passionne depuis quelques années et on a monté un blog d'actualités aquaponiques en France. Si ça t'intéresse n'hésite pas à venir le voir.
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F
Super ton article. L'aquaponie est carrément en train d'exploser en France. On va rattraper les 10 ou 20 années de retard qu'on a sur les pays anglophones :-)
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